
Lorsque les portes claquent parce que la misère frappe et que les asiles se cloîtrent sous la menace de la pauvreté; lorsque l'égoïsme couve sous les cendres de la charité, faut-il penser que du mal au monde, jaillirait une morale qui rendrait les pauvres coupables du fragile bonheur des autres !
Lorsque l'homélie des riches prend l'habit du justicier, que le danger des sans-abris, des crève-la-faim, justifie leur vindicte, faut-il croire que la souffrance couvant sous les cendres de la richesse engendrerait une morale vouée au culte de froids attachements ?
Si l'argent est illusoire, en même temps qu'éphémère, comme un bouquet de roses exposé sur l'autel des exclusions ! Si la misère du monde rend les hommes pervers après que certains d'entre eux aient vu naître en elle des fraudeurs, des paresseux, des parasites, des pique-assiettes, des sous-hommes ? Si des êtres menacent, de par leur seule existante pauvreté, la tranquillité et la sécurité des possédants ? Si le silence des pauvres les met aux aguets, parce qu'à tout moment l'indigence menace le monde ? Si ça n'est pas bon la misère, car il faudrait s'en méfier comme la peste ? Faut-il disserter tout haut sur cette indigente gueuserie ?
Ò Oui, il faut parler de cette misère, de cette récolte saisonnière ! Le riche, le nanti, l'honnête homme, le reconnu aux yeux de la grande famille du peuple élu, le faux Jésus expulsé par les siens, ne sait-il pas qu'elle peut couver des oeufs de bienveillance et promettre une meilleure renaissance ? Ne connaît-il pas l'indigence qui le guette au coin du bois ? Au moindre égarement, à la moindre erreur, fut-elle que vénielle, insignifiante, presque irrespondable, elle le saisira comme une branche morte, coupée de l'arbre de la comédie des hommes.
Si la terre des hommes n'était qu'un arbre, quel dieu reprocherait à la branche sauvageonne de ne porter de fruit ou de bramer l'indigence ? Ce dieu rendrait-il coupable la branche fauve de ne porter de fruit ou de crier misère ? Ce dieu, la rendrait-il coupable de consommer la sève que les autres rameaux ne pourraient consommer ?
Les hommes qui rendent coupables, enfants, chômeurs et miséreux, de troubler leur quiétude, oublient pareils moments qu'ils auraient naguère vécus. Des hommes, au mépris du futur de l'enfance du monde, leur propre source universelle, poursuivent leur quête du profit; et donc, ces sois-disants maîtres du monde, ces seigneurs de la finance, ces mercenaires prédateurs du pouvoir, ne nient-ils pas leur propre naissance ?
Matishamala
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire